DOLORES
TROPIANO
CERN
La plupart des collègues et amis d'Alain ignorent que, lorsqu'il était adolescent, le CERN était pratiquement son laboratoire de rêve à portée de main. Il s’y rendait chaque semaine pour emprunter des films en 8 mm, sautant dans un bus après l’école (aujourd’hui remplacé par un tramway) et partageant certaines des découvertes les plus fascinantes avec ses amis. Le premier film dont il se souvient parlait de Gargamelle, la chambre à bulles qui rendait l’invisible visible—bien qu'à l'époque, elle était déjà considérée comme un détecteur ancien.
Avant de s’installer en Arizona, la dernière grande avancée du CERN qu’Alain a suivie concernait l’étude de l’antimatière et des positrons—une découverte électrisante, même si leur durée de vie ne dépassait qu’un millionième de seconde. Il était tellement captivé par le sujet qu’il a même écrit une dissertation à ce propos, théorisant que lorsque l’antimatière rencontre la matière, c’est comme l’inverse de la création du monde.
Pour marquer cet intérêt, il a ressenti le besoin de peindre l’accélérateur—réimaginant le détecteur de collision sous la forme d’une figure humaine nommée Collipac (Capture Orbs, Luminous Light In Particles And Collisions—chaque lettre formant un acronyme).